Thursday, February 08, 2007

Entre enfer et paradis
1 février 2007
Hier soir, c’était ma soirée d’au revoir du NLBP. J’étais si heureuse que tant de personnes viennent pour moi, tournent la salle de réunion en salle de fête. Même mes collègues de Thimphu étaient présents. Lorsque Dr Lham Tshering a fait son discours, me remerciant pour le travail fourni et précisant bien qu’il espérait me revoir rapidement, qu’il ne me poussait pas hors du bureau au contraire. Je mesurais ma chance, toutes ces portes qu’ils m’avaient ouvertes, la force des relations malgré le nombre limité de mots échangés. Je me rassurais en me disant que je revenais…
Après le dîner, nous avons ouvert le bal. Mélange de danse traditionnelle et disco. Nous étions tous en gho et kira. Allez vous trémousser là dedans ! Nous l’avons fait ; en cercle, en couple ou en solo, éclatant de rire à chaque faux pas. Tout le monde a participé. Je leur étais si reconnaissante de m’offrir de passer un si beau moment. Raisonnaient encore dans ma tête les mots d’une autre expatriée qui, lorsqu’elle avait proposé de payer pour les boissons de son dîner de départ, s’est gentiment vue expliqué qu’elle devait tout couvrir. Payer pour son propre repas d’adieu ! « C’est si gentil à vous d’avoir organisé tout cela pour moi… »
De mon côté, j’ai passé hier soir une des soirées les plus délirantes de ces deux dernières années… et pas d’addition en vue. J’étais heureuse.
Cependant, alors que le degré d’alcoolémie de mes collègues hommes (la majorité) montait, j’estimais qu’il était temps de permettre à mes collègues femmes ou plutôt filles de rentrer…
Il était minuit.
J’ai soulevé un tollé.
Apparemment, cela ne se faisait pas dans la culture bhoutanaise de mettre fin à une fête avant minuit. Pour avoir expérimenté ce genre de pression dans d’autres pays, je sais que l’offense générée par une incompréhension culturelle est parfois manipulée pour servir d’autres fins… Je souhaitais toutefois assurer mes collègues de ma profonde reconnaissance. Je suis donc allée parler à Dr T. le chef de la section production du département d’élevage, le seul à avoir un PhD, le magnat local de l’élevage. Il m’a littéralement gueulé dessus. Ingrate que j’étais, il avait lui même trouvé les fonds pour organiser cette soirée, il faisait tout son possible pour que je puisse revenir travailler au Bhoutan et, je ne faisais même pas l’effort de profiter de cette soirée…
Il s’est assis dans un coin, buvant et fumant pendant que mes collègues et moi même poursuivions nos mouvements, devenus désarticulés maintenant que l’âme de la soirée s’était envolée. Nous dansions dans l’espoir de calmer le courroux du chef. ¾ d’heure plus tard, il ne desserrait toujours pas les dents. Mes collègues se sont relayés pour essayer de le décrisper. En vain. Ne voulant pas gâcher cette soirée, je suis donc retournée le voir. Accepterait-il cette danse pour clore la soirée en beauté ? Il a dit oui.
Las de bouder, il avait probablement décidé de changer de tactique. Il a donc entamé une danse, étrangement rapprochée, entremêlée d’étreintes à l’anglaise pour me dire combien il était désolé de s’être emporté comme cela. Il est sous pression avec le boulot et puis, cela ne se fait pas de vouloir refuser cette soirée!…
Ce qu’il pensait réellement, c’est que cela ne se faisait pas de refuser ses avances. Qui ne voudrait pas coucher avec lui ? N’était-il pas intelligent, séduisant ? N’étais-je pas de nouveau célibataire ?
La soirée s’est encore prolongée de plus d’une heure pendant laquelle je me suis débattue pour me frayer un chemin jusqu’à la voiture, repoussant ces mains et lèvres qui cherchaient chaque occasion de se frayer un chemin. Mes collègues jeunes et filles étaient parvenus à s’éclipser peu après 1heure. J’étais la seule femme, dans une assemblée de 15 hommes ronds comme des porcs, préférant probablement mourir que d’oser élever la voix contre leur chef. Ils ont dû rester jusqu’à 4 heures du matin pour l’accompagner dans sa beuverie. Vive le respect de l’autorité !
Est ce que je souhaite vraiment épaissir mon CV dans ce contexte ?

Anecdote cybernétique
30 janvier 2007
Depuis que je suis rentrée de vacances ma connexion Internet est récalcitrante. Elle marche pendant deux heures puis plus rien pendant deux jours.
Dans cette période d’incertitude, chaque email peut décider de quoi demain sera fait. Vous imaginez donc bien que ce manque de fiabilité me tape sur les nerfs.
Cela fait plus de 15 jours que j’appelle régulière la compagnie Druk com, en charge du bon fonctionnement de la connexion. En vain ! Ils disent qu’ils viennent mais ne viennent pas, qu’ils me rappellent mais ne me rappellent pas… Bref, ils me font poireauter. Vive le service après vente à la bhoutanaise !
J’ai eu quelques éléments de réponse il y a deux jours. On m’a enfin avoué que si personne ne venait réparer, c’était parce que la personne en charge était en congé dans le sud du pays. La rareté du personnel compétent est aussi une caractéristique de cette jeune nation…
Hier soir, à bout de nerf, je suis descendue dans l’Internet café le plus proche. Comme d’habitude au Bhoutan lorsque vous rencontrez quelqu’un de neuf, on me demande d’où je viens et si je suis touriste.
« -Non, je travaille ici.
- Mais vous n’avez pas accès à Internet chez vous ?
- Si, mais cela fait deux semaines que la connexion est déplorable, personne n’y fait quoi que ce soit, j’ai des emails urgents à envoyer, alors me voilà.
- Mais chez qui vous êtes pour l’accès Internet ?
- Druk com
- oh ! »
Il se trouve que le gars qui tenait l’Internet café était le mystérieux absent de Druk com. Il est finalement venu ce matin et, tout est rentré dans l’ordre.
Tout vient à point à qui sait attendre. (J’espère que cela marche aussi pour le boulot…)

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