marie au bhutan

Friday, January 26, 2007

Quelques pas vers le Nord
24 janvier 2007
Le lendemain de cette nuit épique, pas découragée par les transports en commun, je suis repartie en bus vers l’arrêt de bus ; direction le nord, cette fois. Ayuthaya, ancienne capitale du royaume de Siam, qui garde de son passé prestigieux de multiples temples. Moins de deux euros et 2 heures de transport plus tard, je me suis retrouvée dans ce qui est devenu une petite ville de province. Une ville entourée de rivières que l’on peut parcourir à vélo. Un bon choix à priori. Mais avant les réjouissances, il me faut trouver un endroit où dormir. Les auberges conseillées par le Lonely planet sont pleines ; il va me falloir improviser. Je laisse mon sac à deux filles qui finissent leur déjeuner et je frappe aux portes. Entre le moins cher, peu reluisant et le propre sûr, je m’offre la tranquillité. Je voyage seule après tout.
Les deux filles, une australienne, l’autre américaine se révèlent être comme moi, en transit. Pas « lost in translation » mais presque. Rupture amoureuse, recherche de changement professionnel et même de cadre de vie, nous avons tout de suite beaucoup de chose à nous raconter.
Après le café nous enfourchons nos bicyclettes à la découverte d’un monastère où vit une importante communauté de nonnes. Contrairement au Bhoutan où tous les moines sont vêtus de rouges ici le orange domine. Les nonnes qui ont eu ici besoin de se battre pour faire reconnaître leur droit à mener une vie contemplative sont vêtues de blanc. En Thaïlande, comme dans la majorité des pays d’Asie du sud est, on pratique le Bouddhisme du petit véhicule ou theravâda ; on suit la doctrine des ancêtres. Ce monastère bercé par le soleil couchant est magnifique, immense et apaisant. Carol nous raconte que 20 ans plus tôt elle a vécu pendant deux ans dans un monastère du nord du pays. Elle s’est rasée la tête, a pratiqué la méditation, a partagé son quotidien avec des nonnes qui ne parlaient pas l’anglais. Moment de solitude et de reconstruction de soi ; elle est rentrée au pays en ayant appris à s’aimer et à masser. Après un divorce, elle est revenue fermer la boucle et trouver la direction de son nouveau départ.
Le lendemain est tout aussi agréable, nous parcourons la ville à vélo, visitons les différents temples, lisons à l’ombre des Chedis ou stupa… Pique-nique au bord du lac, rencontre avec une famille de Bangkok en week-end. Nous parlons de la vie et du Bhoutan. Les thaïlandais sont en effet fan de la famille royale bhoutanaise, le nouveau Roi fait ici figure de rock star. Cette charmante famille m’offre à boire et me donne ses coordonnées. Ne surtout pas hésiter en cas de problème.
Dans ce dédale de temples, je croise même un autre français, lui aussi en partance. Ce pays est définitivement un endroit idéal pour guérir. Nous finissons cette journée à quatre en parlant de l’avenir.



Aléas du voyage
23 janvier 2007
Je ne pouvais tout de même pas rester dans cet endroit hors du temps pour toute la durée de mon séjour. Il me fallait découvrir un peu plus de ce pays que ces plages peuplées de blancs, aussi charmants fussent-ils. J’ai donc repris le bus. Moins chanceuse cette fois. Je me retrouve assise à côté d’un gars bizarre, parlant un anglais caverneux et désireux d’apprendre le français. Je dirais plutôt désireux de s’attirer les faveurs d’une française. Un gars dont il fallait que je parvienne à me débarrasser à la sortie du bus. Ce putain de bus qui justement avait choisi d’avancer à la vitesse de la lumière, de ne pas s’arrêter pour nous dégueuler tout déboussolés sur le pavé de Bangkok à 3 heures du matin. Autant dire que je n’étais pas très fière avec ce gars qui ne me lâchait pas, sans savoir où aller, au milieu de la nuit. J’ai repéré un couple qui avait l’air plutôt sympa et je me suis rapprochée d’eux. Que comptaient-ils faire pour le reste de la nuit ? Est ce qu’ils connaissaient cet endroit ? Il se trouvait que nous étions près de Bamgpalu, le quartier des touristes, peuplés d’auberges. Nous nous sommes donc mis en quête d’un lit. Pas facile au milieu de la nuit. Les hôteliers ne feraient même pas l’effort de baisser les prix à la faveur de l’heure tardive. Le touriste est un bon pigeon, surtout au milieu de la nuit. Nous errons pendant près d’une heure, se faisant accueillir par des « c’est complet » ou « seule la suite de luxe est libre ». Encore un ou est ce que l’on abandonne ? A chaque tournant, je craignais de me retrouver nez à nez avec mon pot de colle. Non, je veux pouvoir fermer une porte derrière moi et puis demain, un autre trajet en bus m’attend, j’ai besoin d’être alerte. Allez please, on continue.Nous trouvons finalement une chambre double à un prix raisonnable dans une auberge excentrée. Nous partageons la chambre, un lit chacun. Bientôt les doux bras de Morphée nous enserrent. Un autre happy end.

Thaïlande Sud
19 janvier 2007
Il me restait 3 semaines de vacances. Terminer mon contrat plus tôt ou les prendre sur place ? Terminer plus tôt, ne me permettait de tout façon pas d’être de retour pour les fêtes. Alors j’ai décidé de rester. Rester augmentait en outre mes chances d’obtenir un nouveau contrat au Bhoutan. Mais rester dans le froid de Thimphu, dans un appartement devenu trop grand pour moi ; ce n’était pas très engageant.
A la faveur de la journée des neuf démons les billets d’avion pour sortir du Bhoutan n’étaient plus aussi inabordables. Je me suis donc offert un AR pour Bangkok. Il ne s’agissait bien que d’un aller et retour car je n’avais rien de programmé. Mon sac à dos et moi sommes arrivés au nouvel aéroport international, immense bâtiment de verre et d’acier, sans aucune réservation. Je pensais passer ma première nuit à Bangkok de façon à me donner le temps de m’organiser. La transition des hauteurs silencieuses à la folie de cette métropole du futur s’est toutefois révélée moins séduisante que prévue. Il était encore tôt. J’ai donc tenté le tout pour le tout, gagné la station de bus qui dessert le sud du pays. Tout s’est passé sans problème. Je suis arrivée à 16h30 heure locale et le seul bus qui n’était pas complet partait à 5 heures. 450 Bhat soit moins de 10 € pour gagner les plages du Sud du pays, pas mal ! Une seule autre expat dans le bus. Nous faisons connaissance au prochain arrêt toilette. Susanna est finlandaise et, comme par miracle, elle se rend également à Raley pour faire de l’escalade. Non seulement elle a l’air sympa, cherche aussi quelqu’un avec qui grimper mais elle a une corde et une réservation pour un bungalow. Si ce n’est pas de la chance !
Nous arrivons à Krabi à 6 heures du matin, nous nous offrons un petit déjeuner de reines sur une terrasse en bord de mer. Ensuite nous prenons une pirogue pour gagner nos plages reculées.
Reculées pas tant que cela ! C’est la pleine saison touristique et tous les bungalows sont pleins ! Je n’ai pas vu autant de blancs depuis mon passage en France en septembre. J’étouffe un peu, je me demande comment je vais faire pour tenir sur cette presqu’île surpeuplée. Les plages sont tellement petites que l’on ne peut même pas courir tranquille. Une journée de désoeuvrement, désenchantement encore accentué par la nuit sans sommeil dans le bus. Vais-je pouvoir rester ici 8 jours alors que j’ai besoin de silence pour faire le point sur ma vie ?
La réponse arrivera le lendemain, avec les cordes. Les cordes, l’escalade, l’envie de grimper sans m’arrêter. Susanna ouvre les voies que je fais ensuite en second. J’avais peur de ne pas pouvoir décoller car mes entraînements furent plus que succincts cette année et au Bhoutan nous ne disposons que 5 voies… Mais non, mon arrière train finit par s’élever dans les airs et me voilà au sommet. La vue d’en haut, les falaises plongeant dans une mer turquoise… Avec l’escalade, tous ces gens qui étaient oppressants la veille deviennent de potentiels amis avec lesquels nous partageons un plaisir, l’ascension entre mer et ciel à la force de nos bras et jambes. Nous nous installons dans une semaine de bonheur : lever tôt, petit déjeuner chez Wee’s, grimpe jusqu’à midi, déjeuner à l’ombre, retour à l’escalade dans l’après midi, apéro et dîner sur la plage. Soleil, chaleur, sport, rencontres… Des complicités se créent, l’espoir renaît. Le temps passe si vite que j’en oublie la course à pied. J’ai même du mal à trouver le temps de me baigner. Il faut dire qu’il fait nuit tôt.
La nuit du 31 sera douce et pleine. Notre petit groupe s’est retrouvé sur la plage ; allongés, la tête dans les étoiles, nous sirotons un cocktail. Feux d’artifice, jonglage avec des objets en feux, torches dirigeables s’envolant en vacillant dans le ciel. Nos vies qui se créent pas à pas.

Bonne Année 2007
19 janvier 2007
Bonjour à tous et meilleurs vœux pour l’année 2007. Que l’année du cochon vous apporte plein de satisfactions tant personnelles que professionnelles et aussi quelques agréables surprises.
J’expérimente la roue libre depuis décembre dernier et ce n’est pas si mal ! Ne pas savoir de quoi le lendemain sera fait a ses charmes. Etre ouvert aux rencontres, saisir les opportunités qui se présentent !
Bien sur ce n’est envisageable que pour les êtres solitaires sans personne à charge. La surprise, le regard neuf porté sur son environnement, ses amis, sa famille, sortir la tête de la routine est toutefois revitalisant même sans prendre le risque de tout lâcher.
Depuis décembre, j’ai abandonné une vie de couple qui n’était plus satisfaisante. Comme j’ai des envies professionnelles relativement précises pour les années à venir, je n’ai pas non plus pris tout ce qui me tombait sous la main. Si bien qu’aujourd’hui 19 janvier, je ne sais toujours pas de quoi février et plus largement le reste de l’année 2007 sera fait. J’ai des jambes, des bras, une tête et je dois me faire confiance pour m’en sortir avec cela. Apprendre à se faire confiance est un très bon exercice.
J’ai fait le choix de tenter le tout pour le tout et d’optimiser mes chances de rester au Bhoutan pour poursuivre mon travail de développement des filières laitières. Avec un peu de chance j’aurais signer mon contrat et obtenu mon visa avant de quitter temporairement mes montagnes.
Comme l’Ambassade de France me paie mon billet de retour, j’en profite en effet pour rentrer au moins pendant un mois en février. Rentrer et profiter de la famille et des amis tout en prospectant pour le futur, une thèse notamment.
Voilà les quelques jalons sur lesquels je vais construire mon année 2007. J’espère que les vôtres seront également à la hauteur de vos espérances.
Pour citer George Sand « Les déceptions ne tuent pas et les espérances font vivre ».

Sunday, January 14, 2007

Joyeux Noël

26 décembre 2006
De situations difficiles naissent parfois les meilleures surprises. Ce qui aurait pu être un moment de solitude s’est transformé en un Noël enchanteur.
J’ai fêté un premier Noël samedi soir chez une amie dont le copain est bhoutanais. Pas de foie gras, de bûche de Noël, ou de famille à proximité mais des bougies partout, une atmosphère de fête et une compagnie charmante. Dîner à la bhoutanaise : riz et pommes de terre sauce fromage ; j’avais toute de même préparé une quiche et apporté quelques chocolats ; le tout agrémenté d’un cocktail de Noël, pétillant jus de goyave. Echange de présents et devinettes concernant le secret père noël de chacun. Ensuite nous sommes partis en boite. Certains bars se mettent, même ici, à l’heure de Noël et rivalisent d’originalité pour trouver un semblant de sapin à décorer.
Dimanche, nous sommes allés faire un tour de vélo avec Verdell ma nouvelle amie avec qui nous faisons bien plus que de tromper notre solitude. Elle est extraordinaire cette fille: une athlète avec le cœur sur la main ! On partage le plaisir du sport, de l’échange culturel et l’envie de participer au développement de l’autonomie des gens.
Le jour de Noël, j’avais prévu de bosser puisqu’il me faut rendre une proposition de projet avant mon départ en vacances. Mais la journée, loin de se résumer à une froide réunion, fut peuplée de chaleureux texto me souhaitant un Joyeux Noël ; attention d’autant plus touchante que Noël ne signifie rien ici. En outre, j’avais prévu d’inviter bon nombre de mes collègues à la maison mardi soir car mercredi jour des 9 démons est pour eux férié. Mais, comme durant cette journée toute bonne action risque de tourner à la catastrophe et n’enrichira de toute façon pas votre karma, les bhoutanais restent chez eux. Pas moyen donc de trouver un taxi pour me conduire à l’aéroport ce matin là ; il me faut avancer mon départ. J’ai donc reprogrammé le dîner au soir de Noël. Ce contretemps est tombé à pic car je n’aurais pu rêver d’une soirée plus chaleureuse. 7 de mes collègues et Verdell sont venus partager un copieux dîner, mélange de plats français et bhoutanais avec en dessert un gâteau à la cannelle. Les langues de mes collègues, au départ intimidés, se sont peu à peu déliées. Phuntsho était comme d’habitude extraordinaire, véritable chevalier servant. Il a amené deux délicieux plats, s’est occupé de servir les boissons, s’est transformé en DJ et a finalement empaqueté et partagé tous les restes de nourriture. C’est un ange et son amie est tout aussi charmante. Une source de sérénité.
A la fin de la soirée, je me suis retrouvée avec une montagne de cadeaux non attendus au pied de ma plante verte. C’est déconcertant. A chaque fois que j’essaie de donner, je reçois au centuple. Je me sens toute petite, pas à la hauteur… Il faut que j’accepte que les gens m’apprécient et aient envie de donner aussi. J’ai donc ouvert tous mes paquets, après leur départ, à la mode bhoutanaise. Je n’en croyais pas mes yeux: Yata, tissus brodés, panier en osier et chocolat de ma maman. J’en avais les larmes aux yeux. Je ne me sentais pas seule du tout.
La soirée s’est finie en massage. Mon corps, véritable instrument de musique, raisonnait à chaque nœud. 15 jours de soleil thaïlandais vont lui faire du bien !
Un petit conseil donc pour cette année 2007: laissez-vous surprendre !