marie au bhutan

Wednesday, December 26, 2007

Nostalgique automne
octobre 31, 2007
Atterrissage par temps de grève et de ciel gris… Morose automne.
Trois ans d’hiver ensoleillé m’ont fait oublié les ciels bas, les feuilles qui crissent sous les pas et, les odeurs de décomposition. Difficile de trouver de la motivation lorsque la nature s’endort ou meurt…
Au Bhoutan seule l’herbe se dessèche en hiver ; les sapins dardent leurs aiguilles vers le ciel, les drapeaux multicolores chantent dans le vent et les sommets se détachent en vues cristallines énergisantes… L’hiver malgré ses nuits froides était là-bas plein de vie…
Pourtant, une fois que le brouillard du dépaysement se déchire, je suis contente d’être ici, de retour parmi vous. Et puis, ces feuilles multicolores ont leur charme. N’est-ce pas un coin de ciel bleu qui se dessine là bas ?Mélodies, senteurs, humeurs se rappellent déjà à mon souvenir. Sentiment d’appartenance; it is home!
Ce dépérissement saisonnier ne contient-il pas une promesse de renaissance ?

Dédale haut en couleur
octobre 28, 2007
Quelques jours à Katmandou en plein Dashain, fête célébrant la victoire de dieux sur les démons que l’on fête en famille, les anciens offrant leur bénédiction aux plus jeunes, bénédiction matérialisée par une tikha apposée sur le front.



Journées de vacances, de relative inactivité donc. Difficile recherche de taxi, de restaurant ou tout simplement de chemin, de nombreuses errances dans ces multiples rues étroites dont l’immensité devient angoissante à la tombée de la nuit. Il faut bien comprendre qu’après Thimphu, cela me fait un choc ! Kathmandu avec ces plus de 700,000 habitants est plus peuplée que le Bhoutan tout entier. Tant de gens, de rues, de voitures ; tant de cultures aussi. Dans cette ville cosmopolite, hindous, bouddhistes, chrétiens, musulmans et juifs se côtoient. Chaque passage d’un quartier à l’autre se traduit donc pas un changement d’atmosphère dont il faut rapidement saisir les codes. Je dois bien avouer avoir été rassurée parfois à la vue de touristes, preuve que je me rapprochais d’un site touristique, soulagement à l’idée de ne pas être la seule blanche perdue dans ce labyrinthe de vie et de couleur.




Et puis, peu à peu, j’ai commencé à saisir l’organisation de la ville, à me détendre, à oser me reposer sur les indications des ces népalais chaleureux ; conseils bien plus efficaces que la lecture d’une carte aux noms de rues absents. La location d’un vélo m’a beaucoup aidée. Pédaler dans ces rues étroites était presque plus palpitant que d’y flâner ; il faut dire que le festival appelant une large part de la population à regagner son village natal, les avait laissées presque désertes… relativité toute.





L’architecture Newari est magnifique, toute en dentelle ; sculpture de bois qui s’élève jusque dans le ciel. La ville dans son ensemble a beaucoup de charme; chaque cartier s’articule autour de sa cours intérieure où se retrouve le puit, un lieu de culte et où s’organise la vie sociale. Kathmandu est en fait la réunion de 2 villes caractérisées chacune par un centre, place royale historique, véritable feu d’artifice de temples, de commerce et de lumière…




Je me suis aussi fait le plaisir de découvrir la campagne environnante sur mon vélo. Générant l’admiration des motards emmenant leur belles et des enfants le long de la route, j’ai pédalé jusqu’à une station campagnarde 1000 mètres plus haut, 40 km plus loin. Que du bonheur ! Du soleil, du vent, des rencontres, scènes de vie pastorale et sentiment d’appartenance dans ces collines couvertes de champ de riz … grandiose !



Bye Bye Bhoutan
octobre 28, 2007
J’appréhendais le départ. Tourner la page à deux ans et demi de vie dans ces montagnes tranquilles. Laisser derrière soi presque tout dans la mesure où je n’ai le droit qu’au 20 kilogrammes réglementaires. L’appréhension du retour, de la confrontation avec un nouveau système de valeur au vu duquel je ne possède rien… Continuer à chérir ses acquisitions en terme de sculpture de soi, comme le dirait Onfray, alors que l’on retourne dans l’enceinte du matérialisme.
Parfois je me dis qu’avoir été malade fut un mal nécessaire pour m’aider à monter dans l’avion. Appréhensions qui se sont dénouées tout en beauté. Rien ne sert d’avoir peur, il suffit de se laisser porter par le flot de la vie, la magie des amitiés et les espérances. Espoir de garder le contact, espérances d’un retour, désir de maintenir le lien entre ces deux mondes… vous retrouver tout en cultivant ce que j’ai découvert de précieux là bas…
Mes derniers jours sur place sont passés à une vitesse folle, déménagement et transfert de mes modestes possessions aux amis, dernières balades dans la montagne, dernier souffle de l’architecture bhoutanaise, dernière soirée avec les potes au bar, fête d’anniversaire, dernier au revoir à mes collègues à l’aéroport. Que des moments de bonheur et plouf me voilà parti à bord du dragon Druk air.








First
octobre 14, 2007
Hier soir j’ai lâché mon ordi pour quelques heures,Le temps d’une plongée dans une faille spatio-temporelle
Un resto se met à l’heure d’halloweenTelle première que la serveuse à l’heure de fermetureSe met à décrocher les guirlandes orangesUn peu plus et la citrouille se retrouvait à la poubelleQuelle idée farfelue aussi !Le curry de citrouille n’est-il pas l’un des mets les plus délicats…Le repas aussi avait des airs de fêtesGrill importé et nous voilà régalés de crevettes sur lit de légumesA quoi bon rentrer en France ?
Ensuite, nouveau barPas de réminiscences féodales ici, juste de la liberté créatriceMUSIC LIVE, et pour la première fois en deux ans et demi,Pas de voix criardes sur fond d’instruments Fisher priceNon, de la vraie musique.Ambiance et résonance,Que du bonheur !
Triste first cependant pour finirRoulé en boule sur le chemin du retourUn homme cherche le sommeil dans le froid qui s’installe
Thimphu se modernise cela ne fait plus aucun doute…

Busy
octobre 10, 2007
Désolée pour ce silence mais ici tout se bouscule,
Des mois de santé vacillante m’ont fait prendre du retard,
Beaucoup de dossiers à boucler avant mon départ…
A très vite; j’atteris, physiquement du moins, le 26 octobre.
Biz




Quatrième Pilier
septembre 12, 2007
Frustrée par ce corps qui n’en finit pas de se rétablir, j’ai décidé hier soir de prendre l’air. Direction la colline qui surplombe Thimphu; la colline des drapeaux à prière.
Les Bhoutanais érigent ces drapeaux en diverses occasions : commémoration des grandes dates du bouddhisme, accompagnement d’un proche dans son cheminement vers sa nouvelle vie, élévation de leur karma… Facile d’accès, cette colline est naturellement devenue le principal réceptacle des drapeaux à prière de la capitale. Il en résulte une mer multicolore surplombant le tumulte de la ville, un sentiment de paix. Un endroit idéal pour se ressourcer.
Le crépuscule s’installait, lorsque je commençais ma petite ascension.
Surprise de voir encore des gens s’affairer à cette heure, je m’arrête. Par chance, le moine parle bien l’anglais ; originaire de Tashi Yangtshe dans l’est du pays, il se forme entre l’Inde et le Tibet. Nima n’est pas un simple moine, mais un lama qui travaille à son éveil spirituel. Il commence à m’expliquer que ce jour est particulièrement auspicieux car chaque bonne action est démultipliée. Une journée idéale pour planter de nouveaux drapeaux à prière et faire grimper son karma. Coudre les rubans de couleur sur chaque drapeau leur a pris beaucoup de temps, c’est pourquoi ils sont encore là à cette heure tardive. Nima est accompagné de deux amis qui finissent de clouer un drapeau rouge de près de 15 mètres de long sur un pilier du Juniperus, bois reconnu pour sa pureté.
De crainte de déranger je reprends ma route. Nima m’invite alors à les rejoindre.Apparition réciproque : ils avaient besoin d’un nombre pair pour bénir leurs drapeaux, quatre piliers pour une élévation durable; j’avais besoin de lumière dans ma triste journée.
Nous avons donc attaché les drapeaux ensemble. Un peu plus haut, un peu plus bas, ne tire pas trop, la corde va lâcher…
Une fois nos magnifiques drapeaux flottant joyeusement, nous avons commencé la cérémonie. Chacun son coin et ses deux bâtons d’encens, nous avons écouté les prières chantées par notre lama. A la lueur d’une bougie, tournant les pages chacun notre tour, nous avons passé une heure de communion, hors du temps. Vint ensuite l’aspersion d’eau bénite et le recueillement devant le plus grand de nos drapeaux, le drapeau rouge. Chacun a effleuré le drapeau du haut de son crâne pour bénéficier des ondes positives que nous venions juste de générer. Merci Nima, merci la nuit, merci légère brise, merci le flot de la vie.
Moment d’appartenance au monde qui illumine cette journée.